Spinovit

Chaque jour, en Belgique, 59 personnes sont victimes d’un AVC[1]. Première cause de mortalité, les maladies cardiovasculaires pourraient être évitées dans 80 % des cas.

La nouvelle biotech SPINOVIT développe un nouveau biomarqueur pour quantifier le risque de développer une maladie cardiovasculaire. Une simple prise de sang permettrait de le mesurer et de prendre en charge le patient à temps.

Êtes-vous en train de développer une maladie cardiovasculaire avec des dommages potentiellement irréversibles ? A l’heure actuelle, les médecins ne peuvent établir qu’un risque statistique basé sur certains facteurs tels que l’hypertension, le cholestérol, le diabète, le tabagisme ou le surpoids. Néanmoins, cela ne reflète pas l’état physiologique du patient.

Connaître le risque réel grâce au HbNO

La concentration d’une molécule présente dans le sang permettrait d’évaluer le risque réel auquel est exposé le patient. Il s’agit du monoxyde d’azote, ou NO. Depuis 11 ans, des chercheurs de l’UCLouvain tentent de le mesurer. Produit par les cellules endothéliales qui tapissent les vaisseaux sanguins, le NO permet de protéger ces derniers : « Lorsqu’un malade a une mauvaise santé vasculaire, sa capacité à produire du monoxyde d’azote diminue, explique le Pr. Jean-Luc Balligand, Directeur du Pôle de Pharmacologie et de Thérapeutique de l’UCLouvain. Dans notre laboratoire, nous avons observé que, dans le sang, le NO se lie à l’hémoglobine pour former un complexe appelé HbNO (Hémoglobine nitrosylée). Notre idée originale a été de mesurer cette molécule pour refléter la santé des vaisseaux ».

Mesurer le HbNO impose certaines contraintes et un matériel adéquat. L’équipe a donc créé une seringue dans laquelle le sang est prélevé avant d’être centrifugé et congelé à -80°C. « Pour mesurer le HbNO, nous utilisons la spectrométrie par résonance paramagnétique électronique. Cette quantification du HbNO nous permet de révéler indirectement la quantité de NO qui est produite par les vaisseaux sanguins. De cette manière, nous pourrions évaluer la santé vasculaire d’un patient et donc sa probabilité de développer une maladie cardiovasculaire », détaille le Dr. Nancy Van Overstraeten, fondatrice et CEO de SPINOVIT, la spin-off de l’UCLouvain créée pour valoriser cette solution.

De multiples applications

Pour démontrer que la mesure du HbNO permet de prédire les problèmes cardiovasculaires, une étude rassemblant plus de 1500 volontaires est en cours jusqu’à l’automne 2023. Les patients sont testés avant une intervention chirurgicale et suivis pendant un an : « Les anesthésistes ont besoin d’un outil qui permette d’évaluer le risque individuel de complications, notamment cardiovasculaires, liées à une intervention chirurgicale, précise Nancy Van Overstraeten.  Nous avons donc pensé à valider notre biomarqueur HbNO dans le contexte de la consultation préopératoire pour vérifier si ce HbNO pourrait être prédictif de complications ».

Outre les cardiologues et les anesthésistes, les endocrinologues pourraient utiliser ce test pour déceler une maladie cardiovasculaire en développement chez les patients diabétiques ou en surpoids. Les gynécologues pourraient également détecter plus facilement les risques de pré-éclampsie ou de complications liées à une pilule contraceptive. Ce test pourrait enfin aider les compagnies pharmaceutiques à sélectionner les patients les plus réceptifs à un traitement ciblant les maladies cardiovasculaires ou encore, les preneurs d’assurances à être correctement classés dans leur catégorie de risque.

Visualiser les efforts des patients

Comme l’observe le Pr. Balligand : « Les patients sont demandeurs d’un outil permettant de quantifier l’efficacité de leurs efforts diététiques, physiques, d’abstention tabagique mais également la prise de médicaments. En tant que médecin, on peut dire que, théoriquement, cela diminue le risque. Si on pouvait, en plus, apporter aux patients une preuve quantitative de leurs efforts, cela les encouragerait et augmenterait leur adhésion au traitement thérapeutique ».

Une fois validé, le test pourra être effectué dans plusieurs laboratoires agréés en Belgique et en Europe. « Cela va permettre d’éviter la prise de médicaments parfois très coûteux pour traiter des séquelles qu’on aurait pu éviter. Un euro dépensé en prévention, c’est dix euros gagnés en traitement. Mieux cibler les patients à risque représente donc une économie pour l’INAMI, les assurances et la santé publique en général. Quant aux patients qui éviteront un infarctus, un AVC ou encore une thrombose et leurs séquelles, ils gagneront jusqu’à 25 années de vie en bonne santé », conclut Nancy Van Overstraeten.

Un million levé en 2022

La biotech wallonne SPINOVIT est soutenue par trois prestigieux fonds d’investissement : Vives de l’UCLouvain, W.IN.G by Digital Wallonia, et Invest.BW, investisseur régional belge. 

Philippe Durieux, CEO de Sopartec, la société de transfert de technologie et d’investissement de l’UCLouvain, et de VIVES Fund croit en la spin-off et en son potentiel : « C’est une véritable révolution pour la prévention individualisée du risque cardiovasculaire chez le patient, ce qui constitue un enjeu sociétal majeur. Cette solution, poursuit-il, pourrait s’avérer utile tant pour les personnes qui se savent à risque que pour celles qui l’ignorent. Parmi elles peuvent figurer des jeunes, des sportifs amateurs ou de haut niveau. »

Spinovit vient de lever 535 000 € en tour d’amorçage et bénéficie d’une avance récupérable de 470 000 € de la Région Wallonne pour démontrer la prédictibilité de son biomarqueur cardiovasculaire. Un deuxième tour d’investissement est prévu à la fin 2023.

 


[1] Ligue cardiologique belge