Tessares, jeune entreprise de Louvain-la-Neuve, a décroché un subside européen ultra sélectif de 1,2 million d’euros!
En Europe, plus de 40% des habitations de zones rurales n'ont pas de connexion internet de qualité. Tessares a mis au point des solutions pour y remédier. Cette jeune entreprise de Louvain-la-Neuve a décroché un subside européen ultra sélectif de 1,2 million d’euros ! Elle est une des premières d’Europe à entrer dans la démarche « equity ». En d’autres mots : non seulement la Commission européenne la subventionne, mais celle-ci va entrer dans l’actionnariat !
La connexion à internet est lente dans certaines régions. Elle ne répond plus aux besoins actuels, amplifiés par la crise sanitaire et l’obligation pour les familles de travailler, de suivre les cours à distance ou de se divertir… et tout cela en même temps ! Et il y a souvent peu d’espoir que la fibre optique s’y déploie, en tout cas à court terme… La solution de Tessares ? Combiner deux accès existants, celui du téléphone fixe et celui du réseau mobile, en un seul « gros tuyau ». Depuis sa création en 2015 au départ de recherches menées à l’UCLouvain, Tessares a d’ores et déjà convaincu six opérateurs européens, à commencer par Proximus, à combiner leurs réseaux fixe et mobile pour augmenter les débits.
L’entreprise souhaite à présent développer un deuxième projet : combiner, au niveau des smartphones, les réseaux Wi-Fi et 4G/5G. Cela permettrait aux opérateurs de diminuer la charge sur leurs réseaux mobiles, et offrir un bien meilleur service aux utilisateurs : vitesse plus élevée, fiabilité supérieure et plus fluide.
« C’est pour ce projet que nous avons sollicité un subside européen », explique Denis Périquet, Cofondateur et CEO de Tessares. « Pour notre entreprise, ce deuxième ‘produit’ est extrêmement stratégique. Le monde des télécoms est très standardisé et exigeant. Si nous voulons développer une application de bout en bout pour smartphone et réseau, cela nécessite d’énormes investissements en termes de développement et de temps. Ce subside est donc crucial, il va nous permettre de rendre l’utilisation fiable et opérable. »
Le « Graal » pour une PME !
Lorsqu'on lui demande de nous raconter les coulisses du subside, Denis Périquet prévient : « nous avons soumis notre dossier quatre fois ! Quand on a commencé, en 2018, ça s’appelait Instrument PME, maintenant le nom est devenu EIC Accelerator. Mais peu importe : nous le voulions absolument. C’est prestigieux, en plus c’est un subside et non un prêt, bref c’est le Graal pour toute PME ! ».
Lors de la première tentative, en novembre 2018, le dossier de Tessares est inclus dans la short list des PME européennes invitées à une interview devant le jury mandaté par la Commission européenne. Le format de présentation est strict : slides envoyées à l’avance, dix minutes de pitch, suivies de 20 minutes de questions-réponses auprès du jury composé de 6 experts internationaux. « Certaines questions nous avaient mis dans l’embarras, et un des experts ne croyait pas à notre solution. Bref, nous n’avons pas été retenus. Nous étions très déçus, mais notre score était bon et l’avis reçu nous a aidés à mieux préparer les soumissions suivantes. »
Un pitch répété des dizaines de fois
Après deux autres essais infructueux, la quatrième tentative, en octobre 2019, sera la bonne. « Nous avions pu faire un test grandeur nature sur la 5G en Corée au mois d’août. Dès lors, notre projet innovant était devenu super concret. Nous avons répété le pitch des dizaines de fois. Lors de l’interview, nous avons veillé à répondre à chaque question de manière directe, mais brève, ce qui a permis à chaque membre du jury de poser ses questions. Notre feeling était très bon. »
Tessares reçoit en effet la notification positive en décembre 2019 et entre ensuite dans le processus de négociation pour un important subside de 1,2 million d’euros. La convention est signée en avril 2020, et le projet démarre officiellement le 1er mai pour deux ans.
De l’argent frais pour franchir la fameuse « vallée de la mort »
« C’est une performance remarquable pour une PME wallonne d’arriver à décrocher ce type de financement spécialement dédié aux meilleures start-up européennes », épingle Pierre Fiasse, co-directeur au NCP Wallonie. « Elle devient la cinquième société wallonne à décrocher ce financement.»
Mais surtout, Tessares est une des premières entreprises d’Europe à entrer dans la nouvelle démarche « equity » proposée par la Commission. Dans le jargon européen, on parle de « blended finance », car l’aide mixe subvention et capital.
« En 2019, l’Europe a en effet mis au point un mécanisme qui lui permet d’entrer dans le capital des PME pour amener de l’argent frais », explique Pierre Fiasse. « C’est une nouveauté radicale destinée à aider les entreprises à haut potentiel à franchir la fameuse ‘vallée de la mort’, cette période délicate où les jeunes start-up meurent par manque d’accès au financement. Tessares devient ainsi la première entité wallonne à bénéficier de cet apport en capital de la part de la Commission. C’est encourageant pour les autres entités wallonnes de voir que c’est possible ! »
Pour ce nouvel instrument, la Commission européenne a mis en place un fonds financier spécifique. Tessares figure dans les tout premiers acteurs à entrer dans ce processus. « Notre dossier ‘equity’ est en train d’être monté et il sera présenté dans les semaines qui viennent. C’est un soutien qui va au-delà d’une logique purement financière, et qui nous procure beaucoup de crédibilité », témoigne Denis Périquet.
[Article reproduit avec l’aimable autorisation du NCP Wallonie]